Écrire, pour moi, c’est avant tout me saisir d’un stylo. Le sentir glisser entre mes doigts, l’apprivoiser doucement, puis le guider pour qu’il devienne le prolongement de ma main. Quand nous ne faisons plus qu’un, je peux enfin explorer, laisser libre cours à mes pensées, me livrer. Il devient alors cet instrument magique qui permet de donner du sens et de faire le lien entre mon esprit et la feuille.

Écrire, c’est accéder à sa chambre noire, découvrir ce qui est enfoui en soi et le mettre en lumière, l’extraire de son corps. L’écriture permet de ramener la lumière et d’éclairer son espace intérieur. Elle nous guide vers une meilleure connaissance de soi et elle nous autorise à dire silencieusement ce qui nous habite. Alors, elle conduit vers l’apaisement. L’écriture permet de gravir un peu plus chaque jour les marches qui mènent à la sérénité.

Mais écrire, c’est aussi expérimenter, vivre ailleurs, autrement, dans la peau de mille personnages. C’est voyager et prendre le train pour l’inconnu : s’asseoir dans un wagon et se laisser mener dans des contrées inexplorées, s’emplir d’images, traverser des paysages parfois hostiles, mais qui, toujours, enseignent quelque chose.

Écrire, c’est prendre de la hauteur et survoler des champs de coquelicots, qui dessinent des vagues écarlates et éphémères sous l’effet du vent. Écrire, c’est enfin disposer de pouvoirs magiques, solliciter tous ses sens et pouvoir en un instant se retrouver face à son lieu de prédilection, en goûter le calme, entendre les sons qui l’animent et respirer les odeurs qu’il dégage. Le voyage intérieur s’élargit alors et laisse entrevoir une multitude de possibilités.

Fabienne Abel – écrit en atelier d’écriture – janvier 2022